Antistrophe - L'oubli

Venez – l’approche

Quand il lui avait dit : «Venez.» – et elle s’approche aussitôt lentement, non pas malgré elle, mais avec une simplicité qui ne rend pas sa présence plus proche –, n’aurait-il pas dû, au lieu de formuler cette invitation impérieuse, se porter à sa rencontre ? Mais peut-être a-t-il eu peur de l’effrayer par son geste ; il veut la laisser libre et, si elle ne l’est pas de son initiative, libre encore de son mouvement. (Elle choisit un mouvement très lent, le plus étranger à l’hésitation à cause même de sa lenteur, mouvement où se retient l’immobilité qui lui est propre et qui contraste avec la brièveté de l’invitation autoritaire.) C’est donc bien un mot d’autorité ? – Mais aussi d’intimité. – Un mot violent.

On ne peut dire mieux ma relation avec Catherine. En ne me portant pas à sa rencontre, mais par un simple appel auquel elle a toujours répondu, la laissant libre d’approcher, je ne comblais pas l’espace entre nous ; je laissais cet espace s’habiter, de sa présence. Et cet espace de présence était toute mon existence, tout ce qui me permettait d’exister. Un vide entre nous, moi et elle – l’autre, qui rendait mon existence, mon moi extérieur possible ; et pour elle, son existence, son moi extérieur possible, elle et moi – l’autre.

Capture

Col de Bonaudon, 12.06.2017
Sony ILCE-7, gauche : Zeiss FE 1.4/50 mm, f 3.2, 1/40, iso 100 ; droite : Sony SAL 4.5-5.6/70-300G-SSM-II, 100 mm, f 5.6, 1/30, iso 100


Edition

Diptyque .arw > .psd, 12200 x 4000 px, images, chacune, 6000 x 4000 px, 7.12.2024


Epreuves

Canon Pixma pro-10
3, Canon photo pro platinum, 42 x 29.7 cm ; images, chacune 18 x 12 cm, 9.12.2024


Texte et liens

Vevey, 23.12.2024