in|être

Devant le phénomène saturé, le témoin voit, mais il ne sait pas ce qu’il voit et ne comprendra pas ce qu'il a vu. Il le voit indiscutablement, en parfaite clarté, avec toute l'intuition requise, souvent avec un excès d’intuition qui l’a profondément et durablement affecté, éventuellement l’a blessé ; il sait qu'il a vu et le sait si bien qu'il se tient prêt à en témoigner. Et pourtant, le témoin ne parvient jamais à dire, à comprendre et à faire comprendre ce qu'il a vu. Le témoin, qui sait ce qu'il a vu et qu'il l'a vu, ne le comprend pourtant pas par un ou des concepts adéquats, aussi subit-il une affection de l'événement et reste-t-il à jamais en retard sur lui1. La saturation me dépasse, c’est un événement bouleversant qui déstabilise sans retour mon ancrage. Celui qu’il atteint ne peut plus reprendre fond. C’est l’épreuve du dés-être : ce dés-être est éprouvé dans un rapport à soi, de ce sich-umwillen (être à dessein de soi) qui constitue l’existence2. La saturation me précède, elle en avant de moi, je ne puis plus être présent. La présence n’est telle qu’en précession de soi. Situation antilogique comme est fondamentale l’existence. Mais qu’est-ce qu’être, au sens de l’homme ? C’est exister : ek-sister, se tenir, avoir sa tenue hors, hors contenance, hors notamment cette contenance qui est la mesure de notre Umwelt. Plongé au milieu de l’étant ou dans le milieu de la vie, l’homme n’y est pas submergé, englouti, mais exposé à lui-même3.

Capture

Vevey, 17.06 (centre) et 27.07.2015
Sony ILCE-7 ; gauche et droite : Sony SAL 4.5-5.6/70-300G-SSM-II, 300 mm, f 5.6, 1/12000, iso 100 ; centre : Sony FE 3.5-5.6/28-70, 70 mm, f 8.0, 1/8000, iso 100


Edition

Triptyque .arw > .psd, 2670 x 13363 px, images, chacune, 2670 x 4005 px, 27.04.2018


Epreuves

Canon Pixma pro-10
3, Canon photo pro platinum, 24 x 48 cm, images, chacune, 8.8 x 13.2 cm, 25.06.2018


Texte et liens

Vevey, 26.02.2019