Psycho : percée et saillance

Notes de travail sur les images d’Hitchcock


Hitchcock, Psycho, 00:44:45

Ill. 1 : Psycho 00:44:45

Œil-trou, transperce le trou du mur. Mais c’est la lumière de derrière la trouée qui éclaire son regard. Pour lui, cela vient de derrière à devant, surgit. La lumière troue le mur alors que l’œil perce le crible, voit la chair.

Hitchcock, Psycho, 00:03:00

Ill. 3 : Psycho 00:03:00

Œil-trou, la caméra entre dans la pièce. Elle transperce le mur. A cause du volet baissé, elle doit se glisser dans la trouée noire, conduite par la saillance du parapet de la fenêtre.

L’ œil caméra est devenu l’œil spectateur. Elle entre, voit ; il sort, regarde.

Hitchcock, Psycho, 00:47:52

Ill. 2 : Psycho 00:47:52

Pointe-pic, transperce le plan. Et c’est la lumière derrière lui qui absente son regard. L’acte qu’il commet va pour nous de derrière à devant, surgit. Le poignard troue l’écran alors que sa main perce la cible, tue la chair.

Hitchcock, Psycho, 01:48:45

Ill. 4 : Psycho 01:48:45

Pointe-pic, le véhicule sort du marais. Elle surgit des eaux. A cause de la boue, elle doit être extirpée du plan sombre, tirée par le cable qui fait saillance sur l’écran.


Elle transperce, tue ; il saille, garde. Elle passe, élimine. Il reste, conserve.

Hitchcock, Psycho, 00:25:43

Ill. 5 : Psycho 00:25:43

Les phares des voitures qui avancent derrière elle. La lumière surgit du fond. Elle se réflète sur le rétroviseur du véhicule et éclaire le regard de la jeune femme. Pour nous, ses yeux font saillance hors de l’écran. Points blancs en pic sur l’iris noir, contournés par la noirceur des cils, puis de l’habitacle de la voiture - qui sera sa tombe.

Hitchcock, Psycho, 01:48:39

Ill. 7 : Psycho 01:48:39

Norman Bates est l’incarnation de ce double mouvement ; double battement d’entrée | sortie, persée | surgissement.

Hitchcock, Psycho,  01:41:50

Ill. 6 : Psycho 01:41:50

L’ampoule nue suspendue et qui, heurtée, balance, devant elle. La figure surgit, illuminée, hors du fond sombre. Elle éclaire la face de la vieille mère, mais non le creux des orbites vides. Pour nous, ses trous font percée dans l’écran. Ronds noirs en crible sur l’ossature claire, animés par le balancement de la lampe, ombres que l’on croit vivantes dans cette cave - cette tombe.

Saul Bass, Générique du film d'Alfred Hitchcock, Psycho, 1960



L’une sera figée, tombée dans la baignoire, puis ensevelie dans les eaux boueuses. L’autre est momifiée, assise sur une chaise, et conservée dans la cave. Transpercée, tuée ; saillante, gardée : vue | regardée.

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Christian Perret 2022