Catastrophe - Le désastre

Vivant sans vie, mourant sans mort

Ne pas répondre ou ne pas recevoir de réponse est la règle : cela ne suffit pas à arrêter les questions. Mais quand la réponse est l’absence de réponse, la question à son tour devient l’absence de question (la question mortifiée), la parole passe, fait retour à un passé qui n’a jamais parlé, passé de toute parole. C’est en cela que le désastre, quoique nommé, ne figure pas dans le langage.

Le désastre ne fait pas disparaître la pensée, mais de la pensée, questions et problèmes, affirmation et négation, silence et parole, signe et insigne. Alors dans la nuit sans ténèbres, privée de ciel, lourde de l’absence de monde, en retrait de tout présent d’elle-même, la pensée veille. Ce que je sais […], c’est qu’une telle veille ne permet ni éveil ni sommeil, qu’elle laisse la pensée hors secret, privée de toute intimité, corps d’absence, exposé à se passer de soi, sans que cesse l’incessant, l’échange du vif sans vie et du mourir sans mort.

Fallait-il ? – Oui, puisque c’est un fait. – Pourquoi fallait-il ? – … [un fait est un fait] … – Fallait-il ?

La tautologie est la mort du langage (le langage étant dialogue) : réponse qui est absence de réponse, question qui est absence de question, la tautologie épuise la pensée.

Fallait-il ? esseulé de ce côté de l’horizon ; sans horizon, sans éveil ni sommeil, sans monde, sans corps, sans soi, sans être, vivant sans vie, mourant sans mort ; seul, survivant mort.

Capture

Vevey, 10.02.2020
Sony ILCE-7, Sony SAL 4.5-5.6/70-300G-SSM-II, 300 mm, f 25, 1/50, iso 100 (gauche et droite)


Edition

Diptyque .arw > .psd, 12200 x 4000 px, images, chacune, 6000 x 4000 px, 12.12.2024


Epreuves

Canon Pixma pro-10
3, Canon photo pro platinum, 42 x 29.7 cm ; images, chacune 18 x 12 cm, 15.12.2024


Texte et liens

Vevey, 25.12.2024