ἀ|λήθεια IIII

a|parution : horizon

Qu’adviendrait-il, en fait de phénoménalité, si s’accomplissait une donation intuitive absolument inconditionnée – sans les limites d’un horizon – et absolument irréductible à un Je constituant ? Ne peut-on pas envisager un type de phénomène qui inverserait la condition d’un horizon – en le débordant, au lieu de s’y inscrire – et inverserait la réduction – en reconduisant à soi le Je au lieu de s’y inscrire – ? ¹ Non en moi, de moi, qui de ma présence détermine l’horizon, mais du monde même, me déterminant dans son horizon comme présence. Là où l’être au monde est bouleversé, le monde n’est pas seulement changé dans son horizon : il l’est dans son fond². Ne plus commencer par le Da|Sein par le Sein indéterminé qui, au moment où il apparait fixe un Da, là. Le fond est l’indéterminable, l’apeiron d’Anaximandre d’où émerge et où s’abîme toute finitude³. Da, là, déchirure du Sein, ouvrant l’horizon du monde « Là » signifie : « ici-en-deux », tel le poème d’André du Bouchet ; écart tendu qui, en se déchirant, s’engloutit dans le jour de sa déchirure⁴. Ici en deux : ouvrant en deux l’ici, « en » le disjoint : fendu il se fait deux, d’entre lesquels surgit ce “en” de nouveau, mais autre – qui englobe alors même qu’il fend : lien qui des deux faisant un nouvel un, se fait – mais sans limites — lieu »⁵. Là, par sa déchirure, fait scission :tout est prêt dans le monde, dont l’espace s’ouvre dans l’apparition d’un il y a entre ciel et terre à l’horizon. Tout... sauf le là de l’apparaître. Le regard, « ici en deux », parcourt la limite qui unit le ciel et la terre au lieu même de leur séparation. L’attente se résout brusquement avec l’apparition d’un il y a, par la transformation du entre. « Entre » ne désigne plus un intervalle compris entre la terre et le ciel. Le rapport est inverse. Ce sont eux : ciel, terre, intervalle qui ont lieu en lui dans l’ouvert de la manifestation⁶.