Alors le monde me revient comme ma perception. Il peut me revenir, mais non comme monde, comme moi percevant – non le monde, ni même un monde, mon monde. Pourquoi alors revenu il m’agresse comme hors moi ? Sinon parce que d’autres y tracent leur monde, le cerclant de leur être, de leur mobilité – et de leurs extensions automobiles. Leurs mondes passent devant le mien, autour du mien, traversent le mien ; chacun interférant avec le monde d’autrui.
Depuis Husserl la phénoménologie tente une réconciliation de ces solipsismes antagonistes. On convoque la similitude des monades ou celle de la perception que les ego ont de leur être en soi (4e et 5e Méditations), le visage de l’autre (Lévinas), la trame du monde, la doublure d’invisibilité (Merleau-Ponty), le langage, la communication, l’agir (Habermas), le fait social ou économique (Marx). En vain cherche-t-on une théorie unificatrice que les pratiques démentent. On bute sur une ambition de totaliser la théorie, qui fait échapper les infinis, réduit les antagonismes et se prive de les comprendre : il y a de l’irréconciliable. Jamais plus le monde ne sera même et un ; il y a mon monde et ton monde et son monde.
Capture
Vevey, 6.02.2016
Sony ILCE-7, Sony FE 3.5-5.6/28-70, 50 mm, f 4.5, 1/1600, iso 100
Edition
.arw > .psd, 4000 x 6000 px, 27.03.2022
Epreuves
Canon Pixma pro-10
5, Canon matte photo paper 21 x 29.7 cm, image 13 x 19.5 cm, 27.03.2022
Texte et liens
Vevey, 4.04.2022