J’avance, droit devant moi le long de la rivière. Au point où en fuite dans le brouillard, je rejoins l’infini, les rives disparuent, les flots versés à l’horizon du lac. Le bruit du trafic, les choses et les gens, les rues, la ville, tout ce monde est maintenant passé, oublié derrière moi. A mes côtés, à ma gauche, à ma droite, chaque tronc d’arbre, chaque branche rythme mon présent. Ils me déterminent, me situent ici et non là, maintenant, ils m’ancrent. J’avance et je suis les berges. Reste l’arche du pont vers lequel je m’avance, où je serai, à venir, et après l’arche, devant, l’horizon du lac effacé par le brouillard, la fuite.
Je suis seul sujet : j’avance jusqu’au rien, droit devant moi pour balayer ce rien. Mon arrière-moi disparu, mes côtés à effacer ; comme le devant-moi, le tout autour de moi. Je vais dans le rien, nul passé, nulle présence, nul à venir, être sans objectivité, sans pluralité, sans autre. Je serai, sans autre : seul absolument seul, absolument être. Je serai seul avec moi sans autour de moi : parvenu à moi seul en soi. Annuler l’être-au-monde : non mon être mais le monde. Effacer l’ancrage du monde, passé, présent, à venir : être au néant. Réaliser une épochè – έποχή.
Capture
Vevey, 6.02.2016
Sony ILCE-7, Sony SAL 4.5-5.6/70-300G-SSM-II, 120 mm, f 5, 1/1000, iso 100
Edition
.arw > .psd, 4000 x 6000 px, 27.03.2022
Epreuves
Canon Pixma pro-10
5, Canon matte photo paper 21 x 29.7 cm, image 13 x 19.5 cm, 27.03.2022
Texte et liens
Vevey, 4.04.2022