Catastrophe - Le désastre

Mourir

Il y aurait dans la mort quelque chose de plus fort que la mort : c’est le mourir même – l’intensité du mourir, la poussée de l’impossible indésirable jusque dans le désiré. La mort est pouvoir et même puissance – et donc limitée –, elle fixe un terme, elle ajourne au sens où elle assigne à un jour dit, hasardeux et nécessaire, tout en renvoyant à un jour non désigné. Mais le mourir est non pouvoir, il arrache au présent, il est toujours franchissement du seuil, il exclut tout terme, toute fin, il ne libère pas ni n’abrite. Dans la mort, on peut illusoirement se réfugier, la tombe marque l’arrêt de la chute, le mortuaire est l’issue dans l’impasse. Mourir est le fuyant qui entraîne indéfiniment, impossiblement et intensivement dans la fuite.

Catherine, dès que les médecins m’ont dit que tu ne serais plus, je savais sans le savoir que cette rupture me laisserait, me laisse, me laissera sans rien. Je dirai sans reproche que pour toi cela a été facile, cela était facile, sans présent ni futur. Pour moi, qu’est-ce ? Ce n’est pas la mort, c’est le mourir ; ce n’est pas ta mort, c’est mon mourir. Ta mort m’ajourne, m’arrache à mon présent, ma présence, excluant tout terme, m’excluant de présence ; entraîné indéfiniment dans la chute, impossiblement dans la fuite, intensivement dans le néant. Vivre, ou bien plutôt, survivre en mourant.

Toi, Catherine, morte, ne me reste que mourir.

Capture

Vevey, 10.02.2020
Sony ILCE-, Sony SAL 4.5-5.6/70-300G-SSM-II, 200 mm, f 25, 1/40, iso 400 (gauche et droite)


Edition

Diptyque .arw > .psd, 12200 x 4000 px, images, chacune, 6000 x 4000 px, 12.12.2024


Epreuves

Canon Pixma pro-10
3, Canon photo pro platinum, 42 x 29.7 cm ; images, chacune 18 x 12 cm, 15.12.2024


Texte et liens

Vevey, 24.12.2024