έποχή سمت 1

έποχή سمت 1

Avancer, droit devant soi le long de la rivière. Au point où ses rives disparaissent, en fuite dans le brouillard, ses flots versés à l’horizon du lac, rejoindre l’infini. J’avance et je suis, oubliant tout derrière moi, la ville, les rues, le bruit du trafic, les choses et les gens, monde maintenant passé. J’avance et je suis les berges, côtés bornés d’arbres dont chaque tronc, chaque branche rythme mon présent. A mes côtés, à ma gauche, à ma droite, ils me déterminent, me situent ici et non là, maintenant, ils m’ancrent. Devant moi, l’arche du pont vers lequel je m’avance, où je serai, à venir, et après l’arche, la fuite, l’horizon du lac effacé par le brouillard.

Je suis un seul projet : avancer jusqu’au rien, droit devant moi me jeter dans ce rien. Effacer mes côtés comme déjà mon arrière-soi disparu ; effacer le devant-moi. Etre devant rien, au côté de rien et avec rien derrière soi. Sans à venir, sans présent, sans passé, être sans choséité, sans altérité, sans autre. Etre, sans autre : être seul absolument seul, absolument être. Etre seul devant soi sans devant soi : parvenir à être seul en soi. Annuler l’être-au-monde : non mon être mais le monde. Effacer l’ancrage du monde, passé, présent, à venir : être au néant. Réaliser une épochè – έποχή.

Capture

Vevey, 6.02.2016
Sony ILCE-7, Sony SAL 4.5-5.6/70-300G-SSM-II, 70 mm, f 4.5, 1/1000, iso 100


Edition

.arw > .psd, 6000 x 4000 px, 27.03.2022


Epreuves

Canon Pixma pro-10
5, Canon matte photo paper 29.7 x 21 cm, image 19.5 x 13 cm, 27.03.2022


Texte et liens

Vevey, 1.04.2022