έποχή سمت 2

έποχή سمت 2

J’avance, droit devant moi dans le brouillard. Le long de la rivière jusqu’au point où ses rives disparaissent en dans l’horizon effacé du lac, rejoindre l’infini. Quand, le soleil perçant déjà, la rivière dort encore dans les songes du brouillard, nous ne la voyons pas plus qu'elle ne se voit elle-même. Ici c'est déjà la rivière, mais là la vue est arrêtée, on ne voit plus rien que le néant, une brume qui empêche qu'on ne voie plus loin. A cet endroit de la toile, peindre ni ce qu'on voit parce qu'on ne voit plus rien, ni ce qu'on ne voit pas puisqu'on ne doit peindre que ce qu'on voit, mais peindre qu'on ne voit pas, que la défaillance de l'œil qui ne peut pas voguer sur le brouillard lui soit infligée sur la toile comme sur la rivière, c'est bien beau.

Mais il me s’agit d’aller plus loin que « cet endroit de la toile » : que cet endroit devienne toute la toile elle-même, et que la toile soit étendue au monde en lui-même. Parvenir au lieu où cet endroit est le non-lieu. Que la défaillance emporte et la toile et la rivière alors ce qui sera infligé ne sera ni bien ni beau – sublime ou rien. Ne voir plus rien que le néant, empêché qu’on ne voie plus loin, ni à ses côtés, autour, ni derrière soi. Non ne pas voir : s’infliger de voir le rien.

Capture

Vevey, 6.02.2016
Sony ILCE-7, Sony SAL 4.5-5.6/70-300G-SSM-II, 70 mm, f 4.5, 1/1000, iso 100


Edition

.arw > .psd, 6000 x 4000 px, 27.03.2022


Epreuves

Canon Pixma pro-10
5, Canon matte photo paper 29.7 x 21 cm, image 19.5 x 13 cm, 27.03.2022


Texte et liens

Vevey, 1.04.2022